lundi 28 mars 2016

Bénédiction pascale des maisons

Au soir du dimanche de Pâques, les chanoines de la Maison Notre-Dame se sont retrouvés pour fêter dignement la Résurrection du Seigneur, à travers la traditionnelle bénédiction des maisons prévue par le Rituel romain avec l'eau bénite lors de la Vigile pascale.



N'hésitez pas à faire appel à eux pour la bénédiction de vos maisons, durant tout le temps Pascal !


dimanche 27 mars 2016

Salve festa dies !

"Resurrexit sicut dixit, alleluia !"


Les chanoines de la Maison de Baladou vous souhaitent de saintes fêtes de Pâques !

samedi 19 mars 2016

Récollection de la Saint-Joseph à Saint-Pantaléon-de-Larche



Par une magnifique journée ensoleillée, une quinzaine de fidèles de notre apostolat de Brive se sont retrouvés à Saint-Pantaléon-de-Larche pour une petite retraite à l'occasion de la fête de saint Joseph. Nous remercions M. l'abbé Brossolet, curé de la paroisse, pour son chaleureux accueil !



Voici le texte du sermon du chanoine Goupil, qui assura la prédication de cette journée.




         Chers retraitants,

         Comment S. Joseph peut-il nous aider à entrer dans la Semaine Sainte, lui qui ne l’a pas vécue ici-bas, puisqu’il était déjà mort depuis un certain temps lorsque le Christ a inauguré sa vie publique ? Quel message peut bien avoir à nous délivrer S. Joseph, lui qui ne prononce aucun mot dans les Évangiles ?

         Le personnage est silencieux, certes, mais son nom est éloquent : en effet, comme toutes les vertus chrétiennes sont réunies en S. Joseph, les principales vertus sont réunies dans son nom propre, que je me propose de vous dévoiler.

         Le J de Joseph, d’abord, c’est la Justice : les Évangiles nous disent que c’était un « homme juste », c’est-à-dire un saint homme. Il n’était pas concevable que celui qui allait jouer le rôle de père de Jésus sur terre ne soit pas un saint : il a donc été sanctifié, non seulement d’avance par le Bon Dieu, mais aussi par la présence quotidienne de la Sainte Vierge dont il était l’époux, et celle de l’Enfant-Jésus, dont il était le père. Comment en effet ne pas être un saint au contact de la source-même de toute sainteté, Jésus, et celle qui est Immaculée Conception parce que conçue sans péché : Notre-Dame ? Nous aussi, plus nous nous faisons proches de Jésus et de Marie, plus nous sommes sanctifiés et rendus meilleurs.

Le O, c’est l’obéissance : chaque fois que l’Évangile nous parle de lui, c’est pour nous dire qu’il obéit à Dieu, par exemple cette phrase : « Se levant, il fit tout ce que Dieu lui avait demandé ». « Se lever », dans la Bible, signifie la promptitude, la vitesse, l’énergie avec lesquelles on obéit à un ordre. Joseph est le bon serviteur, celui qui veut obéir en tous points à la volonté du Père. Il ne sait pas où Dieu le conduit, mais il lui suffit de savoir qu’il est guidé par sa main. Jamais il ne pose de question et encore moins n’oppose de résistance : il va jusqu’au bout de son devoir sans se laisser décourager. 




Le S, c’est le silence : S. Joseph ne fait pas de bruit ; les Évangiles ne nous rapportent aucune parole de lui, je vous le disais, car il sait que le devoir d’un serviteur, ce n’est pas de parler mais d’écouter la voix de son maître. Le silence, c’est l’ambiance indispensable d’une vie qui cherche à rejoindre le Bon Dieu. Il ne faut pas regretter de n’avoir de lui aucune parole, car son message, sa grande leçon, c’est précisément son silence. Le bruit ne fait qu’agiter notre âme ; il nous faut réapprendre, à l’exemple de S. Joseph, le prix du silence ! Se taire pour ne pas nous justifier d’une maladresse que l’on a faite, se taire lorsqu’on nous insulte… comme Jésus qui restait muet lors de son procès.

Le E, c’est l’éducation : Joseph a eu le privilège d’éduquer l’Enfant-Jésus, lui son Maître ! De lui apprendre à parler, lui qui est le Verbe ! De lui apprendre à marcher, lui qui est la Voie (le Chemin) ! De lui transmettre son savoir, lui qui sait tout ! De lui apprendre un métier, lui qui est Dieu ! Aujourd’hui, c’est nous que S. Joseph veut éduquer dans la foi, alors mettons-nous à son école pour grandir dans la connaissance et l’amour de Dieu.

Le P, c’est la piété, l’esprit de prière : avec quel amour devait-il tenir l’Enfant-Jésus dans ses bras, le porter dans ses grosses mains viriles de charpentier ! Toute la journée, il vivait dans l’intimité de Dieu, non seulement parce qu’il bénéficiait de la présence de Jésus dans son atelier, mais aussi parce qu’il se retirait souvent pour prier Dieu en silence. Chaque jour, il confiait sa journée et son travail au Bon Dieu, comme j’espère vous le faites aussi pour offrir votre bonne volonté, et unir vos efforts à ceux de Jésus, surtout en ce temps de la Passion.

Le H, enfin, c’est l’humilité. Elle termine son nom, mais elle est la première de ses vertus. Impossible d’être un bon serviteur, bien obéissant, juste et pieux si l’on ne se fait pas d’abord petit devant Dieu. Et pourtant, S. Joseph avait de quoi se glorifier, se croire grand et important : non pas par son modeste métier d’artisan, mais parce que, déjà, il était fils de roi : le descendant de David, et qu’il devenait ensuite chef de la Sainte Famille, époux de Marie et père de l’Enfant-Dieu, qui lui obéissaient tous les deux. Mais non, S. Joseph au contraire se sait indigne d’une telle grâce et toute sa vie, il remercie le Bon Dieu de l’avoir choisi lui pour remplir une si grande mission, et pourtant cachée aux yeux des hommes de son temps. Et il faut dire que son humble discrétion se poursuit encore aujourd’hui… sauf pour ceux qui savent le prier avec confiance, car sainte Thérèse d’Avila avouait elle-même : « Jamais S. Joseph ne m’a fait défaut lorsque je l’ai invoqué, et même au détail prêt ».

         Pour aller jusqu’au bout de notre Carême, prenons S. Joseph comme compagnon de route. Sa mission nourricière n’est pas finie : il veut continuer à élever, éduquer et faire grandir, non plus l’Enfant-Jésus, mais nos « petites » âmes pour les conduire à son Fils Jésus !
Ainsi soit-il.




dimanche 13 mars 2016

Le temps de la Passion chez dom Guéranger


Le Christ à la colonne, par Antonello da Messina (vers 1476-1478)



Le ciel de la sainte Église devient de plus en plus sombre; les teintes sévères qu'il avait revêtues, dans le cours des quatre semaines qui viennent de s'écouler, ne suffisent plus au deuil de l’Épouse. Elle sait que les hommes cherchent l’Époux, et qu'ils ont conspiré sa mort. Douze jours ne seront pas écoulés qu’elle verra ses ennemis mettre sur lui leurs mains sacrilèges. Elle aura à le suivre sur la montagne de douleur ; elle recueillera son dernier soupir; elle verra sceller sur son corps inanimé la pierre du sépulcre. Il n'est donc pas étonnant qu'elle invite tous ses enfants, durant cette quinzaine à contempler celui qui est l'objet de toutes ses affections et de toutes ses tristesses. Mais ce ne sont pas des larmes et une compassion stériles que demande de nous notre mère: elle veut que nous profitions des enseignements que vont nous fournir les terribles scènes que nous sommes appelés avoir se succéder sous nos yeux. Elle se souvient que le Sauveur, montant au Calvaire, dit à ces femmes de Jérusalem qui osaient pleurer sur son sort en présence même de ses bourreaux : « Ne pleurez pas sur moi, mais sur vous et sur vos enfants. »  (Luc 23, 28) Il ne refusait pas, le tribut de leurs larmes, il était touché de leur affection ; mais l'amour même qu'il leur portait lui dictait ces paroles. Il voulait surtout les voir pénétrées de la grandeur de l'événement qui s'accomplissait, à cette heure où la justice de Dieu se révélait si inexorable envers le péché.

L'Église a commencé la conversion du pécheur dans les semaines qui ont précédé ; elle veut maintenant la consommer. Ce n'est plus le Christ jeûnant et priant sur la montagne de la Quarantaine qu'elle offre à nos regards ; c'est la Victime universelle immolée pour le salut du monde. L'heure va sonner, la puissance des ténèbres s'apprête à user des moments qui lui sont laissés ; le plus affreux des crimes va être commis. Le Fils de Dieu sera, dans quelques jours, livré au pouvoir des pécheurs, et ils le tueront. L'Église n'a plus besoin d'exhorter ses enfants à la pénitence ; il savent trop maintenant ce qu'est le péché qui a exigé une telle expiation. Elle est tout entière aux sentiments que lui inspire le fatal dénouement que devait avoir la présence d'un Dieu sur la terre ; et, en exprimant ces sentiments par la sainte liturgie, elle nous guide dans ceux que nous devons concevoir nous-mêmes.

(...)

Préparons-nous donc à ces fortes impressions trop souvent méconnues par la piété superficielle de notre temps, Rappelons-nous l'amour et la bénignité du Fils de Dieu venant se confier aux hommes, vivant de leur vie, poursuivant sans bruit sa pacifique carrière, « passant sur cette terre en faisant le bien » (Act. 10, 38), et voyons maintenant cette vie toute de tendresse, de condescendance et d'humilité, aboutira un supplice infâme sur le gibet des esclaves. Considérons d'un côté le peuple pervers des pécheurs qui, faute de crimes, impute au Rédempteur ses bienfaits, qui consomme la plus noire ingratitude par l'effusion d'un sang aussi innocent qu'il est divin ; de l'autre, contemplons le Juste par excellence en proie à toutes les amertumes, son âme « triste jusqu'à la mort » (Mt 26, 38), le poids de malédiction qui pèse sur lui, ce calice qu'il doit boire jusqu'à la lie, malgré son humble réclamation ; le Ciel inflexible à ses prières comme à ses douleurs ; enfin, entendons son cri : « Mon Dieu, mon Dieu , pourquoi m'avez-vous abandonné ? » (Mt 27, 46). C'est là ce qui émeut d'abord la sainte Église ; c'est là ce qu'elle propose à notre attention ; car elle sait que si cette horrible scène est comprise de nous, les liens que nous avons avec le péché se rompront d'eux-mêmes, et qu'il nous sera impossible de demeurer plus longtemps complices de tels forfaits.

(...)

En effet, si, par nos péchés, nous sommes les auteurs de la mort du Fils de Dieu, il est vrai aussi de dire que le sang qui coule de ses plaies sacrées a la vertu de nous laver de ce crime. La justice du Père céleste ne s'apaise que par l'effusion de ce sang divin; et la miséricorde de ce même Père céleste veut qu'il soit employé à notre rachat. Le fer des bourreaux a fait cinq ouvertures au corps du Rédempteur; et de là cinq sources de salut coulent désormais sur l'humanité pour la purifier et rétablir en chacun de nous l'image de Dieu que le péché avait effacée. Approchons donc avec confiance, et glorifions ce sang libérateur qui ouvre au pécheur les portes du ciel, et dont la valeur infinie suffirait à racheter des millions de mondes plus coupables que le nôtre. Nous touchons à l'anniversaire du jour où il a été versé ; bien des siècles déjà se sont écoulés depuis le moment où il arrosa les membres déchirés de notre Sauveur, où, descendant en ruisseaux le long de la croix, il baignait cette terre ingrate ; mais sa puissance est toujours la même.

Venons donc « puiser aux fontaines du Sauveur » (Is 12, 3) ; nos âmes en sortiront pleines de vie, toutes pures, tout éclatantes d'une beauté céleste; il ne restera plus en elles la moindre trace de leurs anciennes souillures ; et le Père nous aimera de l'amour même dont il aime son Fils. N'est-ce pas pour nous recouvrer, nous qui étions perdus, qu'il a livre à la mort ce Fils de sa tendresse ? Nous étions devenus la propriété de Satan par nos péchés; les droits de l'enfer sur nous étaient certains; et voilà que tout à coup nous lui sommes arrachés et nous rentrons dans nos droits primitifs. Dieu cependant n'a point usé de violence pour nous enlever au ravisseur: comment donc sommes-nous redevenus libres ? Ecoutez l'Apôtre: « Vous avez été rachetés d'un grand prix » (I Cor. 6, 20). Et quel est ce prix ? Le Prince des Apôtres nous l'explique : « Ce n'est pas, dit-il, au prix d'un or et d'un argent corruptibles que vous avez été affranchis, mais par le précieux sang de l'Agneau sans tache » (I Petr. 1, 18). Ce sang divin, déposé dans la balance de la justice céleste, l'a fait pencher en notre faveur: tant il dépassait le poids de nos iniquités! La force de ce sang a brisé les portes mêmes de l'enfer, rompu nos chaînes, « rétabli la paix entre le ciel et la terre » (Col. 1, 20). Recueillons donc sur nous ce sang précieux, lavons-en toutes nos plaies, marquons-en notre front comme d'un sceau ineffaçable et protecteur, afin qu'au jour de la colère le glaive vengeur nous épargne.

Avec le sang de l'Agneau qui enlève nos péchés, la sainte Église nous recommande en ces jours de vénérer aussi la Croix, qui est comme l'autel sur lequel notre incomparable Victime est immolée. Deux fois, dans le cours de l'année, aux fêtes de son Invention et de son Exaltation, ce bois sacré nous sera montré pour recevoir nos hommages, comme trophée de la victoire du Fils de Dieu; à ce moment, il ne nous parle que de ses douleurs, il n'offre qu'une idée de honte et d'ignominie. Le Seigneur avait dit dans l'ancienne alliance : « Maudit celui qui est suspendu au bois » (Dt 21, 23). L'Agneau qui nous sauve a daigné affronter cette malédiction ; mais, par là même, combien nous devient cher ce bois autrefois infâme, désormais sacré ! Le voilà devenu l'instrument de notre salut, le gage sublime de l'amour du Fils de Dieu pour nous. C'est pourquoi l'Église va lui rendre chaque jour, en notre nom, les plus chers hommages; et nous, nous joindrons nos adorations aux siennes. La reconnaissance envers le Sang qui nous a rachetés, une tendre vénération envers la sainte Croix seront donc, durant cette quinzaine, les sentiments qui occuperont particulièrement nos cœurs.