jeudi 30 mars 2017

Récollection de Carême à Saint-Pantaléon-de-Larche

Francisco de Zurbarán, L'Annonciation, 1638-1639, peinture sur toile (Musée de Grenoble)



Samedi 25 mars, en la fête de l'Annonciation, les familles de Brive étaient invitées à participer à une récollection prêchée par le chanoine S. Goupil à Saint-Pantaléon-de-Larche. Une belle messe chantée, en l'église du village (desservie par l'Institut chaque dimanche, de septembre 2011 à mars 2012), fut suivie par un pique-nique tiré du sac, la prière du chapelet et une instruction spirituelle. La journée fut conclue par l'adoration et le salut du Saint-Sacrement.

Voici le texte du sermon :



Mes bien chers frères,

Qu’est-ce qui a pu attirer l’ange Gabriel dans l’humble maison de Nazareth ? Qu’est-ce qui a pu inciter Dieu à se faire petit enfant dans le sein de cette jeune fille d’Israël ? En un mot : qu’est-ce qui fait descendre le Ciel sur la terre lors de cette scène si touchante ?

C’est le silence, le silence de Marie qui enveloppe toute sa prière. Parce que, lorsque l’Archange apparaît à la Sainte Vierge, elle était plongée dans une profonde méditation, on pourrait dire même : plongée en Dieu.

En effet, Dieu ne se communique qu’aux âmes qui savent l’écouter, qui savent se rendre disponibles à la Parole qu’il veut nous dire. Lorsqu’un jour, une femme s’exclame que la Vierge Marie est bienheureuse d’avoir porté puis allaité un tel Fils que le Messie, Jésus répond : « Heureux plutôt celui qui écoute la Parole de Dieu et qui la garde dans son cœur » (Lc 11, 28).

Ce n’est pas pour rabaisser sa sainte Mère que Jésus dit cela ; bien au contraire, la Sainte Vierge a su écouter le message apporté par l’ange de la part de Dieu, mais elle l’a véritablement gardé en son cœur, au point que cette Parole divine s’est faite chair en elle, puisque Jésus, son Fils, est le Verbe de Dieu, c’est-à-dire la Parole de Dieu, et qu’en ce jour de l’Annonciation nous célébrons le jour de l’Incarnation de la Deuxième Personne de la Sainte Trinité.


Mais pour écouter, il faut d’abord être silencieux. Regardez comme le silence tient une grande place dans la vie de Jésus : 30 ans durant, il reste inconnu des hommes, en taisant sa divinité. Saint Joseph, lui-même, est le modèle de l’homme silencieux : les saints Évangiles ne nous rapportent aucune parole de lui. Quant à la Sainte Vierge, qui suit toujours en retrait son Fils Jésus lors de sa vie publique, jusqu’à demeurer debout et pleurant silencieusement au pied de la Croix, seules 7 paroles de Marie nous sont connues : c’est-à-dire autant que Jésus sur la Croix. Et à la messe, le silence sacré vient favoriser et même enrichir notre recueillement ; ce n’est pas un silence de « pause » mais de contemplation.

Avez-vous remarqué que tous les grands mystères divins sont intervenus dans le silence : la Création, comme on peut se l’imaginer, mais aussi la douce nuit de Noël qui voit arriver notre Sauveur, et que nous fêterons dans 9 mois jour pour jour. Faire du bruit, c’est en effet faire obstacle à l’action de Dieu dans le monde. On dit que « le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit », et c’est bien vrai !

Notre monde, mes frères, n’aime pas beaucoup le silence (je vous félicite donc de prendre ce temps de récollection aujourd’hui) : toute la journée, on nous plonge dans un vacarme de paroles et d’images. Pourquoi le monde a-t-il peur du silence ? Parce que faire silence, c’est se retrouver seul avec Dieu. Pourquoi avoir peur de se retrouver avec le Bon Dieu, me direz-vous ? Parce que lorsqu’on ne vit pas comme l’on devrait, notre conscience sait que nous agissons mal, et donc on craint la réaction de Dieu… Et pour ne pas avoir à penser à Dieu, on s’étourdit la tête par le bruit et le divertissement, tout simplement pour ne pas avoir à réfléchir.

Le temps passé dans le silence de notre prière n’est donc pas un vide, mes frères, il est une présence : la compagnie de Jésus lui-même. L’écrivain catholique Bernanos a écrit : « Quelle drôle d’expression que de dire : garder le silence ; ce n’est pas nous qui gardons le silence, mais c’est le silence qui nous garde ».

Pendant le Carême, mes frères, l’Église nous demande de redécouvrir la valeur du silence, pour accueillir Dieu en nous. Alors à l’école de Notre-Dame, restons à l’écoute de ce que Dieu a à nous dire. 

Ainsi soit-il.